• Nicole-Reine Lepaute

    Nicole-Reine Lepaute, et la passion de l'astronomie

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    Nicole-Reine Lepaute

    Nicole-Reine Hortense Lepaute est née à Paris le 5 janvier 1723. Dès son enfance, Reine adorait lire : elle lisait même la nuit ! A l'âge de seize ans, elle "choisit" d'épouser un homme bien plus vieux qu'elle, mais qui de par sa situation, a pu lui ouvrir les portes de la communauté scientifique de son temps. M. Lepaute était en effet horloger. Il fabriquait des horloges et des pendules d'une grande précision, et sa renommée lui a permis de devenir horloger du Roi. C'est à ce titre qu'il va bientôt travailler avec Jerôme de Lalande, Directeur de l'Observatoire royal (l'ancêtre de l'Observatoire de Paris), qui avait besoin d'horloges et de pendules de précision dans le cadre de ses recherches en astronomie.

    C'est ainsi que Reine fait la connaissance de Jérôme Joseph Lefrançois de Lalande (1732-1807). Celui-ci la rencontrait chez M. Lepaute, puisque Reine faisait déjà des observations et des calculs pour les ouvrages de son mari. C'est donc naturellement que M. de Lalande, impressionné par l'esprit et la curiosité intellectuelle de cette femme, l'a associée à la rédaction d'un nouveau Traité d'Horlogerie qu'il publit avec M. Lepaute en 1755. Pour ce traité, Reine a calculé une table du nombre d'oscillations pour des pendules de différentes longueurs, ou encore les longueurs correspondant à un nombre d'oscillations donné.

    Au mois de juin 1757, le célèbre mathématicien et astronome Alexis Clairaut (1713-1765) est invité par Lalande à appliquer sa solution au fameux problème des trois corps à la comète de Halley dont le retour était attendu depuis les travaux de Newton dur la gravitation universelle. Reine Lepaute a alors entrepris d'aider les deux hommes a effectuer la masse inestimable de calculs nécessaires à cette prévision : il fallait en effet calculer, pour tous les degrés d'angles, sur une période de 150 ans, les distances et les forces de chacune des deux planètes (Jupiter et Saturne"par rappport à la comète. En effet, la comète a été retardée de six-cents jours à cause de l'influence de ces deux planètes. Ce retard a été annoncé à la rentrée de l'Académie des Sciences en novembre 1758 et la comète a été vue à Paris le 21 janvier 1759. Même si le mérite de la prédiction du retour de la comète (qui était d'une précision incroyable!) est revenu à Clairaut, Lalande a rendu justice au travail immense de Reine Lepaute dans sa Théorie des comètes, puis dans son Histoire de l'Astronomie :

    "Clairaut m'écrivait : "L'ardeur de Mme Lepaute est surprenante". Dans une autre lettre, il l'appelle la "savante calculatrice". On comprendrait difficilement le courage qu'exigeait cette entreprise, si l'on ne savait que pendant plus de six mois, nous calculâmes depuis le matin jusqu'au soir, quelques fois même à table, et qu'à la suite de ce travail forcé j'eus une maladie qui changea mon tempérament pour le reste de ma vie. [...] Mme Lepaute nous fut d'un si grand secours, que nous n'aurions point osé entreprendre sans elle cet énorme travail [...]."  J.J. Lalande, in Bibliographie astronomique avec l'Histoire de l'Astronomie depuis 1781 jusqu'à 1802, édition de 1803.

    Mais Reine n'en est pas restée là. Elle a travaillé sur une autre comète, celle de 1762, dont elle a calculé les éléments à partir d'observations. En 1764, on a observé en France pour la première fois un phénomène curieux : une éclipse annulaire de soleil. A cette occasion, Mme Lepaute a fait les calculs permettant de décrire la marche de l'éclipse heure par heure sur toute l'Europe. Elle a ainsi fait publier deux cartes, l'une concernant le passage de l'éclipse sur l'Europe, l'autre montrant les différentes phases de l'éclipse telles qu'elle serait observée à Paris : cette deuxième carte a été distribuée en plusieurs milliers d'exemplaires en France le jour du passage de l'éclipse.

    Elle a ensuite travaillé aux côtés de Lalande pendant de nombreuses années : elle a effectué à elle seule une grande partie des calculs de sa Connaissance des temps (1759), et des Ephémérides (1774), pour lesquelles elle a travaillé seule sur le Soleil, la Lune et sur toutes les planètes connues du système solaire.

    Après toutes ces années de calcul, souffrante de problèmes de vue, Reine s'est retirée de l'activité scientifique pour suivre son mari à la campagne. M. Lepaute était en effet très malade. Pendant sept ans, Reine a prit soin de lui avant de décéder le 6 décembre 1788 d'un excès de fièvre. Son mari ne lui a pas survécu longtemps, il est mort en avril 1789.

    Anecdote : La plante connue sous le nom d'Hortensia doit son nom à Nicole-Reine Lepaute, dont le troisième prénom était Hortense !

    Article rédigé par L.G.Th.

    Sources principales :

    J.J. Lalande, in Bibliographie astronomique avec l'Histoire de l'Astronomie depuis 1781 jusqu'à 1802, édition de 1803

    Jean Pierre Poirier, Histoire des femmes de Science en France : du Moyen Age à la Révolution, édition de 2002

     


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